La naissance et l'enfance de Charlemagne restent obscures, faute de documents d époque. Charlemagne serait né le 10 avril 742 à « La Préalle » à Herstal ou à Jupille (l'une et l'autre, aujourd'hui des banlieues de la ville de Liège en Belgique étaient à l'époque le lieu de résidence d'une bonne partie de la dynastie des Mérovingiens et des Carolingiens). Pour le moment il reste impossible de déterminer la date exacte de la naissance de Charlemagne. Certaines analyses suggèrent le 1er avril 747, le 15 avril 747 ou le 1er avril 748. D'autres lieux de naissance sont également évoqués : Aix-la-Chapelle, Düren, Prüm, Quierzy-sur-Oise. Arrivée sur le trône À la mort de Pépin le Bref, ses deux fils Charles (futur Charlemagne) et Carloman furent tous deux élus rois par une assemblée populaire ; Charles se vit attribuer la partie de territoire que possédait son père, et Carloman le royaume qui avait été celui de leur oncle Carloman. En 771, soit après un peu plus de trois années de règne et de paix relative entre les deux frères, Carloman décède. Sa veuve, Gerbera, se réfugie en Italie avec ses fils et quelques partisans, et Charles, alors âgé de vingt-neuf ans, est rapidement élu souverain de tout le royaume franc. Charlemagne commence ses conquêtes vers le nord et l'est (Bavière, Saxe, Frise), vers l'ouest (Bretagne) et vers le Sud (Nord de l'Ebre en Espagne en 778, établissement de marches). Charlemagne et le pape Adrien Ier À Noël 800, Charlemagne est couronné empereur des Romains par le pape Léon III. Toutefois dans ses actes le souverain se titrait « empereur gouvernant l'Empire romain, roi des Francs et des Lombards » (Karolus, serenissimus augustus, a Deo coronatus, magnus et pacificus imperator, Romanum gubernans imperium, qui et per misericordiam Dei rex Francorum et Langobardorum) Il est à noté que selon Eginhard, le biographe de Charlemagne, l'empereur serait sorti furieux de la cérémonie. En effet, Léon III a posé la couronne sur la tête du souverain, puis s'ensuivèrent les acclamations et selon les "Annales Royales", le rituel de la proskynèse, c'est à dire que le pape se serait agenouillé devant l'empereur. Charlemagne aurait préféré qu'on suive le rituel byzantin, c'est à dire acclamation, couronnement et enfin adoration. Selon les lettrés tels que Alcuin, le prince idéal a un but religieux, il doit lutter contre les hérétiques et les païens, y compris hors des frontières mais il a aussi un but politique: ne pas se contenter de la dignité royale et devenir empereur d'Occident. Léon III va dans ce sens mais pour lui le pouvoir spirituel l'emporte sur le pouvoir temporel, ce qui expliquerait cette organisation lors du couronnement de Charlemagne. Il entretient des relations diplomatiques avec le calife de Bagdad, Harun al-Rachid duquel il reçoit en cadeau, entre autres, un éléphant blanc nommé Abul-Abbas, en 797 ou 801 selon les sources. Chronologie 768 : Début du règne de Charlemagne, roi des Francs. Couronnement à Noyon. Il règne avec son frère Carloman jusqu en 771. 771 : Charlemagne règne seul. 772 : Début des guerres de Saxe. 774 : Soumission des Lombards. 778 : Début des guerres contre les Maures. 788 : La Bavière perd son indépendance. 25 décembre 800 : Charlemagne, roi des Francs, est couronné empereur d Occident à Rome par le pape Léon III. Début du nouvel Empire d'Occident. 812 Par le traité d Aix-la-Chapelle, l empereur d'Orient Michel Ier reconnaît Charlemagne comme empereur d Occident. Le monogramme de Charlemagne Charlemagne n'apprit à écrire que tardivement, et il ne parvint jamais à maîtriser cette difficile technique, ce qui motiva la création d'une école du palais, afin que les hommes qui devaient le servir soient à même de rédiger des rapports. Cependant, afin de lui permettre de signer autrement que d'une simple croix, Eginhard lui apprit à tracer ce signe simple, un monogramme, qui contient toutes les lettres de son nom, Charles (Karolus en latin). Les consonnes sont sur les branches de la croix, les voyelles contenues dans le losange central (A en haut, O est le losange, U est la moitié inférieure). Bien que ne sachant pas écrire, Charlemagne savait lire ; il parlait le teuton et le roman, et connaissait le latin et un peu de grec. La vie de Charlemagne fut relatée par le moine Eginhard, qui le suivit tout au long de sa vie. L'empire de Charlemagne La renaissance carolingienne Les lettrés du temps utilisaient le terme renovatio pour qualifier le mouvement de renouveau en Occident qui caractérise la période carolingienne, après plusieurs siècles de déclin. Plusieurs personnages clés ont participé à cette renaissance : Alcuin, arrivé d'Angleterre en 782, l'un des principaux conseillers de l'empereur, a participé au renouveau biblique : la bible d'Alcuin est l'un des plus anciens manuscrits d'Occident. Alcuin a institué à Aix-la-Chapelle une école palatine pour former les futures élites laïques et religieuses, Théodulf, Wisigoth (originaire de l'actuelle Espagne), poète, théologien, qui s'oppose à Constantinople sur la question de l'iconoclasme, Eginhard, historien contemporain de Charlemagne (voir ci-dessous), Benoît d'Aniane a instauré une réforme religieuse en Aquitaine, puis a unifié la liturgie (817). Charlemagne développe l'utilisation de l'écrit comme moyen de diffusion de la connaissance, et particulièrement l'usage de la langue latine. Les scriptoria se développent dans les abbayes carolingiennes : Saint-Martin de Tours, Corbie, Saint-Riquier, etc. Le succès de ces ateliers de copiage est dû à l'invention d'une nouvelle écriture, la petite caroline, qui gagne en lisibilité car les mots sont séparés les uns des autres, et les lettres sont mieux formées. Charlemagne prévoyait l'établissement d'une école dans chaque évêché. À la cour de Charlemagne, on s'intéressait à certains auteurs de l'Antiquité : Platon était connu. Aristote ne sera redécouvert qu'à partir du XIIe siècle en Occident. Environ 80 cathédrales seront construites dans l'empire à cette époque. La plupart seront reconstruites lors de la renaissance des XIe siècle et XIIe siècles (appelée ultérieurement romane / gothique). La chapelle palatine en est un exemple. Certains de ces monuments reprennent le plan hexagonal des églises d'Orient. Un autre témoin est la petite église de Germigny-des-Prés entre Orléans et Saint-Benoît-sur-Loire. <br< Au début de son règne, Charlemagne n'avait pas de lieu de résidence fixe. Il se déplaçait avec sa cour de villa en villa. L'empire était administré par les missi dominici, qui allaient par deux : un comte et un évêque. Les directives élaborées à la cour étaient communiquées par les capitulaires. Charlemagne a aussi mis en place une monnaie unique dans l'empire. L'héritage administratif de Charlemagne sera repris dans les Flandres, ainsi que par les Normands, qui appliqueront ces principes en Angleterre. Éginhard : Le couronnement de Charlemagne selon Éginhard. Chroniqueur franc, ami et conseiller de Charlemagne, Éginhard a écrit sur lui une biographie plutôt élogieuse. En voici un extrait: « Venant à Rome pour rétablir la situation de l'église, qui avait été fort compromise, il y a toute la saison hivernale. Et, à cette époque, il reçut le titre d'empereur et d'auguste. Il y fut d'abord si opposé qu'il s affirmait ce jour-là, bien que ce fut celui de la fête majeure, qu'il ne serait pas entré dans l'église, s'il avait pu savoir à l'avance le dessein du pontife. » |
Prise du pouvoir difficile À la mort de son père, Pépin le Jeune (714), Charles qui a déjà 29 ans est tout désigné pour reprendre la charge de maire du palais qu'occupait le défunt, ses deux frères Drogon et Grimoald étant eux aussi décédés. Mais Charles était un enfant illégitime, et Plectrude, la femme de Pépin, fit tout pour l'écarter du pouvoir et préserver l'avenir de son petit-fils Thiaud fils de Grimoald, âgé de six ans à peine l'héritier légitime. Elle fit donc enfermer Charles. Mais c'était sans compter l'opinion des différentes provinces du royaume, qui n'acceptèrent pas de voir une femme diriger le royaume ; les révoltes commencèrent alors à éclater, d'abord en Neustrie en 715, lorsque Rainfroi maire du palais de Neustrie battit Thiaud en forêt de Cuise, et mena ses troupes jusqu'aux abords de la Meuse. Ce fut ensuite le peuple du Nord de l'Italie qui se souleva et se rallia à la Neustrie. Puis ce fut au tour des Saxons et des Austrasiens... C'est à ce moment que Charles parvint à s'évader (715), et à prendre la tête des révoltés d'Austrasie. Il dut tout d'abord affronter les Neustriens : après deux batailles victorieuses (Amblève - 716, Vinchy - 21 mars 717), il les repoussa jusqu'à Paris. Puis il se dirigea vers Cologne, que Plectrude avait choisie pour s'installer avec son petit-fils. Celle-ci n'eut d'autre option que de reconnaître sa défaite et livrer la mairie d'Austrasie à Charles. Pacification du royaume franc Aussitôt au pouvoir, Charles fait le ménage autour de lui, installant sur le trône Clotaire IV à la place de Chilpéric II, répudiant l'évêque de Reims Rigobert favorable à Plectrude... Puis, petit à petit, il reprend le contrôle de tout le royaume franc, vainquant tout d'abord Rainfroi, le maire du palais de Neustrie, puis le duc d'Aquitaine, Eudes... Pour réunifier le grand royaume franc, il devra à nouveau affronter la Neustrie ; celle-ci, se soumettra définitivement après sa défaite lors de la bataille de Soissons. Il entreprend également de repousser la frontière est du royaume : de 720 à 738, il conquit ainsi l'Autriche et le sud de l'Allemagne. C'est ainsi que sera rétabli le royaume franc tel qu'il était sous Pépin de Herstal. À la mort de Clotaire IV, il sera tout de même obligé de remettre sur le trône Chilpéric II. Mais celui-ci meurt en 721. Charles va alors rechercher, au monastère de Chelles, le fils de Dagobert III, Thierry IV, et l'installe sur le trône. Arrêt de l'invasion arabe En 732, il dut affronter les armées musulmanes du gouverneur d'Espagne Abd el Rahman. En effet, depuis 711, les Arabes (et leurs supplétifs berbères) occupaient la péninsule ibérique, et continuaient lentement à avancer vers le Nord, au-delà des Pyrénées, si bien qu'en 725, ils avaient déjà conquis le Languedoc et une grande partie de la Bourgogne actuelle et allaient entrer au c ur du territoire franc Du fait de l'intervention du duc d'Aquitaine, Eudes, qui les arrêta une première fois à Toulouse, en 721, les premières tentatives furent repoussées. Fort de sa victoire, le duc d'Aquitaine voulut prévenir le retour des musulmans d'Espagne en s'alliant au gouverneur berbère de la Septimanie. Le dénommé Munuza, bien que de religion musulmane, était en révolte contre ses coreligionnaires d'Espagne. Eudes lui donna sa fille en mariage. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d'Espagne Abd el-Rahman et ce dernier, dans la foulée, lança une expédition punitive contre les Aquitains. Il engagea donc en 732 une importante offensive au travers de la frontière franque, dans le but, entre autres, d'aller piller le sanctuaire de Saint-Martin de Tours. Cette fois, le duc Eudes ne put les arrêter seul, et demanda à Charles de venir à son aide. En octobre, les armées de Charles et du duc furent réunies, face à la razzia le 19 octobre 732 à Moussais, sur l'actuelle commune de Vouneuil-sur-Vienne, entre Tours et Poitiers ; Charles fit tout pour éviter l'affrontement mais encourager le pillage aux alentours. Ce qui eut pour double effet de saturer de butin les sarrazins les rendant moins mobiles et cupides, après six jours la bataille fut assez brève : Charles tua leur chef Abd el Rahman, ce qui décida ses troupes à prendre le chemin du retour. Selon certains auteurs, c'est suite à cette victoire que Charles fut surnommé Martel, puisqu'il avait violemment écrasé les troupes mahométanes, tel un marteau le marteau étant aussi une arme de combat. Selon d'autres, profitant de l'affaiblissement du duc Eudes, il s'empare des évêchés de la Loire puis descend dans le Midi qu'il saccage consciencieusement et d'où il chasse les chefs musulmans qui s'y étaient installés quelques années plus tôt. C'est seulement alors à cette occasion qu'il aurait gagné le surnom de Martel, sans doute pas dans le sens aussi positif pour les populations que l'on a bien voulu le laisser croire En tout état de cause, il est certain que ce surnom a surtout « frappé » les esprits ce qui a contribué à la création du mythe de Charles Martel, mythe repris et amplifié par de nombreux historiens par trop « nationalistes » br> Les troupes arabo-musulmanes ne sont pas pour autant battues sur tous les fronts. Elles prennent Avignon et Arles en 735, attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs Bourguignons « pactisent » alors avec les Arabes. Charles Martel les refoule dans la vallée du Rhône en 736. En 737, il reprend Avignon avec son frère Childebrand, mais n'arrive pas à prendre Narbonne. Il s'allie aux Lombards pour reprendre la Provence. Tous ceux qui avaient collaboré avec les Arabes sont châtiés et leurs biens donnés aux guerriers Francs. Les Arabes ne possèdent alors plus que Narbonne. Ces batailles ont grandement contribué à unifier le royaume franc autour de Charles Martel. Création de la lignée carolingienne À la mort du roi Thierry IV (737), Charles, fort de son très grand pouvoir, décida de ne pas lui choisir de successeur, le rôle des monarques mérovingiens étant devenu totalement insignifiant. Il prit donc réellement le pouvoir du royaume franc, et régna donc ainsi en toute illégalité jusqu'à sa mort. À sa mort, son pouvoir sera partagé entre ses deux fils : Carloman obtient l'Austrasie, l'Alémanie et la Thuringe Pépin le Bref obtient la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Son corps fut inhumé à Saint-Denis. Bien qu'il n'obtint jamais le titre de roi, il eut malgré tout plus de pouvoir que les souverains francs de l'époque, la dynastie mérovingienne étant déjà à ce moment en pleine décadence. Son pouvoir marque les prémices de la lignée carolingienne, confirmée par le sacre de Pépin le Bref le 28 juillet 754. |
Selon Grégoire de Tours, il aurait été détrôné à cause de sa vie disso lue et avait du se réfugier en Thuringe chez le roi Basin et son épouse Basine. Il épousa cette dernière qui l'accompagna lors de son retour d'exil. |
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